Contre le centre fermé de Vottem

Liège / 16-04-2016 /

A l’appel du Collectif de résistance aux centres pour étrangers (CRAPCPE), plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés ce samedi sur l’espace Tivoli à Liège pour dénoncer la politique restrictive menée par le gouvernement en matière d’asile et les conditions d’enfermement des sans papiers.

Chaque année le CRAPCPE organise une manifestation à la date anniversaire de l’ouverture du centre fermé de Vottem

Le centre fermé existe depuis le 10 mars 1999. Il s’agit en fait d’une prison où sont enfermés des étrangers pour le seul motif qu’ils ne possèdent pas de « papiers », soit pas ou plus d’autorisation de séjour. Ce ne sont pas des criminels, simplement leur demande d’asile ou de régularisation n’a pas été retenue. Ils ne comprennent pas pourquoi ils sont enfermés alors qu’ils fuient des guerres, des dictatures, des persécutions.

Dans tous les centres fermés le régime d’enfermement est très répressif. A Vottem, il y a 12 cachots où peuvent être enfermés les suicidaires, ceux qui soi-disant ne respectent pas le règlement, qui se révoltent ou dont l’expulsion est programmée pour le lendemain. Il y a aussi 4 cachots réservés aux malades. Les mises au cachot sont très fréquentes.

Après quelques prises de parole, la foule des manifestants rassemblant des associations liégeoises, bruxelloises, des associations de sans-papiers ainsi que des organisations syndicales s’est dirigée à pied vers le centre fermé de Vottem pour manifester son soutien aux personnes enfermées. Pour le CRAPCPE ce type de soutien est important car les personnes enfermées vivent dans l’angoisse quotidienne de leur expulsion, totalement coupées du monde extérieur, de leur famille, de leurs amis. Le fait de savoir qu’il y a des belges qui les soutiennent est très réconfortant pour elles.

Sur place, après d’autres prises de paroles et d’autres témoignages, les manifestants ont symboliquement « frappé à la porte du centre » à l’aide de bâtons. Geste symbolique mais oh combien réconfortant pour les occupants du centre qui ont pu littéralement sentir et surtout entendre le soutien inconditionnel de ceux qui sont libres et qui se battent pour eux.

En dehors de cette manifestation annuelle, des membres du CRAPCPE se rendent chaque samedi devant le centre de Vottem. Chaque 24 décembre a également lieu un rassemblement avec des bougies sur le thème « Eclairons la face honteuse de la politique d’asile et d’immigration de notre gouvernement, les centres fermés pour étrangers et les expulsion ! »


Notes :

– en 1998, Semira Adamu, jeune nigérienne de 20 ans meurt à Zaventem étouffée à l’aide d’un coussin par deux policiers belges lors de son expulsion.

– si la mort d’un expulsé est une exception, la violence, les blessures et les vies brisées sont monnaie courante dans les centres fermés

Fred Hérion  / Krasnyi Collective

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