Bruxelles | 21-06-18
Depuis le 23 mai, les centaines d’occupants politiques du Béguinage, de l’ULB et de la VUB ont entamé une grève de la faim.
Cette grève s’inscrit dans la continuité des occupations, actions et assemblées entreprises par l’Union des sans-papiers pour la régularisation depuis fin janvier, afin de mettre en lumière la situation des sans-papiers en Belgique. L’Union a établi ces occupations comme un moyen de demander des critères légaux clairs et cohérents pour la régularisation en Belgique, et la régularisation des occupants, des grévistes de la faim actuels, et de toutes les personnes sans papiers résidant en Belgique.
Les milliers de personnes sans-papiers vivant en Belgique contribuent quotidiennement à l’économie du pays, sans pour autant bénéficier d’une protection légale et sociale. Être sans-papiers vous rend également vulnérable aux abus, à l’exploitation et à la violence physique et verbale. Il vous fait vivre dans l’ombre et vous oblige à exister en marge de la société. Les personnes sans papiers doivent payer un loyer mais n’ont pas accès aux droits des locataires, ce qui les laisse à la merci des propriétaires. Elles doivent travailler pour payer leurs dépenses, mais ne peuvent prétendre aux droits du travail, et sont souvent sous-payées et exploitées par leurs employeurs, et travaillent souvent sans matériel de protection adéquat.
Ils ne peuvent pas ouvrir de comptes bancaires, enregistrer des numéros de téléphone ou s’abonner aux transports publics. Les tâches quotidiennes que nous considérons comme acquises exigent beaucoup de navigation, de négociations et de vulnérabilité pour les personnes sans papiers. Cela affecte leur santé physique et mentale, s’infiltre dans leurs relations et met des milliers de vies en attente pendant des années (et parfois des décennies).
C’est pourquoi les gens font grève. Parce que l’alternative est devenue pire que la tension momentanée sur leur corps lorsqu’ils arrêtent de manger. Réfléchissez-y une seconde. Au moment où nous écrivons ces lignes, la grève de la faim en est à son 26e jour. L’état de santé des occupants se détériore – les ambulances passent tous les jours, les gens s’effondrent à un rythme rapide, et les occupants s’affaiblissent à mesure que le temps passe.
Au Béguinage, l’expression “dignité dans la vie ou dans la mort” est répétée à l’envi, par écrit et dans les conversations. Les gens sont prêts à sacrifier leur corps pour obtenir la reconnaissance légale dont ils ont besoin et qu’ils méritent de la part de l’État belge.
Car vivre sans papiers, c’est vivre en retenant son souffle.
Since the 23rd of May, the hundreds of political occupants of Béguinage, the ULB, and VUB have been on a hunger strike.
The strike comes as a continuation of the months-long occupations, actions, and assemblies undertaken by the Union of Undocumented Individuals for Regularization since the end of January, to highlight the circumstances of undocumented people in Belgium. The Union established these occupations as a means to call for clear and consistent legal criteria for regularization in Belgium, and the regularization of the occupants, the current hunger strikers, and all undocumented individuals residing in Belgium.
The thousands of undocumented people living in Belgium contribute to the country’s economy daily, without gaining legal and social protection. Being undocumented also leaves you vulnerable to abuse, exploitation, and physical and verbal violence. It leaves you living in the shadows, and forces you to exist at the margins of society. Undocumented people must pay rent but have no access to renter’s rights, leaving them at the mercy of landlords. They must work to pay for their expenses, but have no claim to labour rights, and are often underpaid and exploited by their employers, and often work without adequate protective materials.
They can’t open bank accounts, register phone numbers, or get public transport subscriptions. Day-to-day tasks we take for granted require a lot of navigation, negotiations, and vulnerability for undocumented people. It affects their physical and mental health, seeps into relationships, and puts thousands of lives on hold for years (and sometimes decades) at a time.
This is why people are striking. Because the alternative has become worse than the momentary strain on their bodies as they stop eating. Think about that for a second. At the time of writing, the hunger strike is on its 26th day. The occupants’ health is deteriorating – ambulances are going over daily, as people collapse at a rapid pace, and the occupants are growing weaker as time goes by.
At Béguinage, the phrase ‘dignity in life or in death’ is repeated over and over, in writing and in conversation. People are ready to sacrifice their bodies to get the legal recognition they need and deserve from the Belgian state.
Because living undocumented means living while holding your breath.
Joy Martins Branco Correia Lopes
|Krasnyi Collective