26-01-2016
Elle a le visage marqué de ceux qui portent en eux le combat de tout un peuple. Valdelice Veron a quitté son Brésil natal pour venir nous avertir de la situation dramatique de son peuple. Elle est une des leaders militante des Guarani-Kaiowá de l’Etat du Mato Grosso do Sul au Brésil. Ce peuple indigène est persécuté et chassé de ses territoires depuis la fin des années septante; d’abord par l’élevage intensif de bétail puis par la culture intensive de soja, aujourd’hui c’est l’expansion forcée des cultures de cannes à sucre destinées à la production d’éthanol qui les met dans une situation désespérée. Persécutés (assassinats, viols, rapts d’enfants, villages brûlés) par des “pistolero” à la solde de grands propriétaires qui exploitent la forêt, abandonnés par un Etat brésilien trop lié aux grands complexes agro-industriel, les Guaranis sont aujourd’hui parqués dans des réserves trop petites et en sont réduits soit à bénéficier de l’aide alimentaire de l’état (25 enfants sont morts de malnutrition en 2005), soit à être exploités dans les plantations au mépris de toute règles de sécurité (450 travailleurs sont morts en 2005) voire même réduits en esclavage (150 indigènes utilisés comme esclaves dans l’Etat du Mato Grosso do Sul en 2007).
A l’heure où l’Europe et plus généralement les pays du Nord, influencés par quelques lobbies industriels, présentent le bioéthanol comme une solution durable aux problèmes d’énergie et de pollution de l’environnement, ses conséquences mortifères sur la santé et les droits fondamentaux des peuples doivent plus que jamais nous interpeller.
Frédéric Hérion / Krasnyi Collective