Forest 91

Du 10 au 12 mai 1991, le Quartier Saint-Antoine à Forest est le théâtre d’une révolte populaire contre l’injustice sociale, les politiques racistes et la répression policière dans le quartier. Pour comprendre ce qui restera connu comme les « émeutes de Forest », il faut essayer d’en saisir le contexte. A l’époque, le bas de Forest est habité par les classes populaires, majoritairement issues de l’immigration. Beaucoup des jeunes du quartier sont des immigrés de seconde génération, dont les parents ont répondu à l’appel de main d’œuvre immigrée, mais qui se retrouvent face à un système éducatif inégalitaire et un chômage endémique.

Aux conditions socio-économiques précaires s’ajoutent des conditions de vie dégradantes. Voiries couvertes de trous, absence d’éclairage public, écoles laissées à l’abandon, bâtiments communaux délabrés, quasi-absence d’infrastructures de loisir, logements trop petits : le Quartier Saint-Antoine du début des années 90 est délaissé par les pouvoirs publics. Mais il n’est pas délaissé par la police. A l’occupation de l’espace public par les jeunes – le seul qu’ils et elles peuvent occuper collectivement étant donné l’absence d’infrastructures à leur disposition – l’État répond par la répression. Contrôles au faciès, injures racistes et dénigrements systématiques sont le quotidien des jeunes du quartier. Jusqu’au jour où ce quotidien n’a plus été supporté. Jusqu’au soir où un contrôle de police d’un jeune de quartier pour cause de plaque d’immatriculation trop pliée tourne au tabassage du jeune en question et de sa famille devant le voisinage, et qu’à cette violence, le quartier a répondu.

Sixtine d’Ydewalle, textes

Manu Scordia, dessins

Thibaut Dramaix, dessins

Karim Brikci-Nigassa, photos

© Krasnyi Collective

Série initialement produite pour illustrer l’Alter Échos de mai 2021 à l’occasion des trente ans de ces évènements (source principale des textes). Dossier à retrouver sur le site d’Alter Échos.


L’exposition est disponible à la location.

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A propos de Never Forget

Never Forget est une collection éditée par le Collectif Krasnyi. Nous partons du constat que l’histoire populaire, l’histoire des luttes sociales, l’histoire de leur répression par la classe dominante est consciemment occultée, ou en tout cas absente de manière visible dans les lieux que nous sommes toutes et tous amenés à parcourir quotidiennement.

Dans cette série, après un temps de recherches historiques et géographiques, nous arpentons nos villes et nos campagnes à la recherche des endroits où se sont déroulés les événements majeurs de l’histoire que l’on cherche à raconter. Des photographies de ces lieux contemporains sont capturées et ensuite interprétées par les dessinateurs qui tentent de reconstituer au mieux les événements historiques en question. Nous espérons que ces photographies dessinées vous permettront de découvrir ou redécouvrir un pan important de notre histoire.


LES VIOLENCES POLICIERES DE TROP
Place Saint-Antoine, Forest

Le soir du vendredi 10 mai 1991, Rachid Redouane, un jeune Marocain de 21 ans résidant dans le quartier, se fait interpeler par la police communale de Forest en raison de sa plaque d’immatriculation qui serait peu lisible. Après qu’un policier l’empoigne en lui disant « La loi c’est moi », le père et les sœurs de Rachid interviennent. Le premier se fait violemment traîner sur plusieurs mètres par la police, et une des sœurs est violentée. En réaction à ces violences policières, des jeunes arrivent rapidement sur la place. Les policiers sont submergés.

EMEUTES AUX BAINS-BADEN
34, rue Berthelot, Forest

Face à ce contrôle de police qui finit par le tabassage d’une famille, la colère explose. Des voitures sont endommagées et des vitres sont brisées, dont celles de la discothèque les Bains-Baden. Symbole de l’exclusion raciale et sociale des jeunes du quartier, cet établissement luxueux réservait son entrée à une clientèle riche essentiellement blanche, tout en refusant l’accès aux jeunes du quartier.

ARRESTATIONS MASSIVES A L’EGLISE SAINT-ANTOINE
Place Saint-Antoine, Forest

Les émeutes se poursuivent le lendemain et le surlendemain. Le dimanche 12 mai, vers 22h, des jeunes, ainsi que leurs parents, se réunissent sur la Place Saint-Antoine. Certaines personnes jettent des pavés et des cocktails Molotov. Trente minutes plus tard, la police encercle la place et arrête toutes les personnes présentes.

AUX CASERNES
Les casernes d’Etterbeek, Etterbeek

Les 204 personnes arrêtées sont emmenées aux casernes d’Etterbeek. Pendant la détention, les policiers proposeront aux personnes arrêtées majoritairement musulmanes des sandwichs au jambon pour seul repas.



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