Bloody Sunday

To the memory of – A la mémoire de Patrick “Paddy” Doherty, Gerald Donaghey, John “Jackie” Duddy, Hugh Gilmour, Michael Kelly, Michael McDaid, Kevin McElhinney, Bernard McGuigan, Gerard McKinney, William McKinney, William Nash, James Wray, John Young

The Irish independence movement against British colonisation began with a rebellion in 1798. Years of struggle against the British Crown followed, culminating in the Easter Rising of 1916 when Irish republican insurgents proclaimed the Republic of Ireland. Despite intense repression by the British government, marked by the execution of insurgents including the socialist James Connolly, the Republican struggle continued. In 1921, this struggle was partially successful: the Republic of Ireland was proclaimed. But the country was divided, with Northern Ireland remaining under British rule. The division of the country led to the division of the republican movement, between the forces that continued the armed struggle with the aim of unifying the whole of Ireland on the one hand, and the forces that were satisfied, for a time, with this partial independence by joining the government of the new Republic of Ireland on the other. This division led to a fratricidal civil war that lasted three years. Another division divides the republican movement: between those who limited the national question to the struggle against the British oppressor, and those who linked the republican question to the struggle for an egalitarian and socialist society.

Since the 1920s, Irish Catholics in Northern Ireland have experienced oppression and discrimination by the British government. Those who opposed it were subjected to intense political repression. From the 1940s onwards, imprisoned republicans organised hunger strike campaigns to denounce their conditions of detention and to secure their rights as political prisoners. The Irish Republican struggle intensified in the 1960s, marking the beginning of the Troubles. Faced with discrimination against Irish Catholics in housing, employment and political rights, leading to catastrophic living and working conditions, massive unemployment and political under-representation, the Irish civil rights movement was formed, inspired by the civil rights movement in the United States. It was distinguished by its refusal to resort to armed struggle and its desire to unite Catholics and Protestants in a unified struggle. While peaceful, the demonstrations of the civil rights movement were violently suppressed by the British armed forces. It was during one of these demonstrations that, fifty years ago, the massacre of 14 Irish people by British paratroopers, under the cover of the Crown, took place. History will remember this massacre as Bloody Sunday which opened the year 1972, the deadliest year of the Troubles, leading to the deaths of nearly 500 people.

Le mouvement d’indépendance irlandais contre la colonisation britannique connaît ses débuts lors d’une rébellion en 1798. S’en suivent de longues années de lutte contre la Couronne britannique, dont l’apogée se déroule lors de l’insurrection de Pâques en 1916 au cours de laquelle les insurgés républicains irlandais proclament la République d’Irlande. Malgré une répression intense par le gouvernement britannique, marquée par l’exécution des insurgés dont le socialiste James Connolly, la lutte républicaine continue. En 1921, ce combat aboutit partiellement : le République d’Irlande est proclamée. Mais le pays est divisé, l’Irlande du Nord restant sous l’autorité britannique. De la division du pays découle la division du mouvement républicain, entre le camp qui garde les armes dans le but d’unifier toute l’Irlande d’une part, et celui qui se satisfait, pour un temps, de cette indépendance partielle en entrant au gouvernement de la nouvelle république d’Irlande d’autre part. Cette division entrainera une guerre civile fratricide qui durera trois ans. A cette division s’ajoute une divergence de tendances idéologiques : entre celles et ceux qui limitent la question nationale à la lutte contre l’oppresseur britannique, et celles et ceux qui lient la question républicaine à celle de la lutte pour une société égalitaire et socialiste. 

Depuis les années 20, les catholiques irlandais en Irlande du Nord vivent une situation d’oppression et de discrimination par le gouvernement britannique. Celles et ceux qui s’y opposent subissent une répression politique intense. Dès les années 40, les républicains emprisonnés organisent des campagne de grèves de la faim pour dénoncer leurs conditions de détention et pour obtenir leurs droits comme prisonniers politiques. La lutte républicaine irlandaise s’intensifie dans les années 60, marquant le début de la période des Troubles. Face aux discriminations que subissent les catholiques irlandais en matière de logement, de travail et de droits politiques, menant pour cette partie de la population à des conditions de vie et de travail catastrophiques, un chômage massif et une sous-représentation politique, le mouvement des droits civiques irlandais se constitue, inspiré du mouvement des droits civiques aux États-Unis. Il se démarque par son refus de recours à la lutte armée et sa volonté de réunir les catholiques et protestants dans une lutte unifiée. Bien que pacifiques, les manifestations du mouvement des droits civiques sont réprimées violemment par les forces armées britanniques. C’est lors de l’une de ces manifestations qu’a eu lieu, il y a cinquante ans, le massacre de 14 Irlandais par les parachutistes britanniques, sous couvert de la Couronne, massacre que l’histoire retiendra sous le nom de Bloody Sunday. Ce massacre entamera l’année 1972, la plus meurtrière de tous les Troubles, menant à la mort de près de 500 personnes.

30 January – Janvier 2022

Sixtine d’Ydewalle, texts – textes

Thibaut Dramaix, drawings – dessins

Karim Brikci-Nigassa, research – recherches et photos

© Krasnyi Collective


The exhibition is available to rent – L’exposition est disponible à la location.

Contact us at – Contactez-nous sur info@krasnyicollective.com

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About Never Forget

Never Forget is a collection edited by the Krasnyi Collective. Our starting point is the observation that popular history, the history of social struggles, the history of their repression by the ruling class, is consciously hidden, or at least absent in the places we all walk through in our every day lives.

In this series, after a period of historical and geographical research, we walk through our cities and countryside in search of the places where the major events of the history we are trying to tell took place. Photographs of these contemporary locations are captured and then interpreted by the artists in an attempt to reconstruct the historical events in question. We hope that these photographs will help you discover or rediscover an important part of our history.

A propos de Never Forget

Never Forget est une collection éditée par le Collectif Krasnyi. Nous partons du constat que l’histoire populaire, l’histoire des luttes sociales, l’histoire de leur répression par la classe dominante est consciemment occultée, ou en tout cas absente de manière visible dans les lieux que nous sommes toutes et tous amenés à parcourir quotidiennement.

Dans cette série, après un temps de recherches historiques et géographiques, nous arpentons nos villes et nos campagnes à la recherche des endroits où se sont déroulés les événements majeurs de l’histoire que l’on cherche à raconter. Des photographies de ces lieux contemporains sont capturées et ensuite interprétées par les dessinateurs qui tentent de reconstituer au mieux les événements historiques en question. Nous espérons que ces photographies dessinées vous permettront de découvrir ou redécouvrir un pan important de notre histoire.


“Our revenge will be the laughter of our children.”
“Notre revanche sera le rire de nos enfants.”

– Bobby Sands

BOGSIDE
Bogside, Derry, Northern Ireland – Irlande du Nord

In the face of discrimination and repression by British forces, the Irish Republican struggle accelerates in the late 1960s, leading to the period known as the Troubles. In the city of Derry, particularly in the Bogside, a Catholic working class suburb and Republican stronghold, tensions with pro-British loyalist militias and armed forces are high and violent altercations are a daily occurrence. During these years, repression results in regular deaths among the population of the Catholic neighbourhoods, whether at the hands of the British army or the royalist paramilitary militias.

Face aux discriminations et à la répression par les forces britanniques, la lutte républicaine irlandaise s’accélère à la fin des années 60, menant à la période connue sous le nom des Troubles. Dans la ville de Derry, et plus particulièrement dans le quartier ouvrier du Bogside, banlieue catholique et bastion républicain, les tensions avec les milices loyalistes pro-britanniques et les forces armées sont vives et les altercations violentes quotidiennes. Pendant ces années, la répression se traduit par des morts réguliers parmi la population des quartiers catholiques, que cela soit par l’armée britannique ou par les milices paramilitaires royalistes.

TENSIONS
Bogside, Derry, Northern Ireland – Irlande du Nord

As early as January 1969, barricades are erected throughout the Bogside area to protect what was then considered “Free Derry” (referring to the tag “You Are Now Entering Free Derry” written on a wall at the entrance to the Bogside) from constant police attacks. In April 1969, a man is killed in the Bogside by the British police force: the Royal Ulster Constabulary (RUC). The tension in the area is at its highest. In August 1969, anger erupts when the Protestant Apprentice Boys decide to march through the Bogside to commemorate an event that recalled the oppression of the Catholics. The procession is met with stone-throwing and protests from local residents, whom the RUC tries to repel. This is the beginning of the Battle of Bogside. During three days, the neighbourhood consolidates its barricades and defends itself against the police. The Northern Irish Civil Rights Association calls on all Irish people to come and defend the area, or to organise protests in their own city to take the repressive pressure off Derry. Many cities respond to this call, including Belfast, where the clashes will leave thousands homeless, entire Catholic neighbourhoods razed to the ground, and seven people dead, mainly on the Catholic and Republican sides.

Dès janvier 1969, des barricades sont érigées dans tout le quartier du Bogside pour protéger ce qui était alors considéré comme “Free Derry” (en référence au tag “You Are Now Entering Free Derry” écrit sur un mur à l’entrée du Bogside) contre les attaques constantes de la police. En avril 1969, un homme est tué dans le Bogside par les forces de police britanniques : le Royal Ulster Constabulary (RUC). La tension est à son comble dans le quartier. En août 1969, la colère éclate lorsque le groupe protestant des Apprentice Boys décide de marcher dans le Bogside pour commémorer un événement rappelant l’oppression des catholiques. Le cortège est accueilli par les jets de pierre et les protestations des habitants et habitantes du quartier, que la RUC tente de repousser. C’est le début de la bataille du Bogside qui durera trois jours, pendant lesquels le quartier consolide ses barricades et se défend face à la police. L’association pour les droits civiques nord-irlandaise appelle tous les Irlandais à venir défendre le quartier, ou à organiser des protestations dans leur ville pour enlever la pression répressive sur Derry. De nombreuses villes répondront à cet appel, et notamment Belfast, où les heurts feront des milliers de sans-abri, des quartiers catholiques entiers rasés, ainsi que sept morts, principalement du côté catholique et républicain. 

OPERATION DEMETRIUS
Glenfada Park, Derry, Northern Ireland – Irlande du Nord

Tensions between Catholic and Republican neighbourhoods on the one hand, and the British Crown Army in Ireland on the other, continue, leading to numerous deaths on the Republican side. The Irish Republican Army (IRA) retaliates with a campaign of violent attacks, which accelerate the repression by the British army, killing several people who would be later accused of being IRA « bombers » or « gunmen ». In 1971, the internment (imprisonment without trial) is introduced, leading to strong reactions in Republican Derry, where armed IRA patrols now appear openly. This new policy enables the British armed forces to set up Operation Demetrius: the detention without trial of suspected members of republican paramilitary groups. It is under the cover of this law that the British military would commit the worst abuses in the Catholic districts.

Les tensions entre les quartiers catholiques et républicains d’un côté, et l’armée de la Couronne britannique en Irlande de l’autre, se poursuivent, menant à de nombreux morts du côté républicain. L’Irish Republican Army (IRA) réplique en organisant une campagne d’attaques violentes, ce qui accélère la répression par l’armée britannique, tuant plusieurs personnes qui seront plus tard accusées d’être des “bombers” ou “gunmen” de l’IRA. En 1971, la loi d’emprisonnement sans procès est introduite, menant à de fortes réactions dans le Derry républicain, où les patrouilles armées de l’IRA apparaissent désormais ouvertement. Cette loi permet aux forces armées britanniques d’organiser l’opération Demetrius : l’enfermement sans procès des membres suspectés d’appartenir à des groupes paramilitaires républicains. C’est sous couvert de cette loi que les militaires britanniques vont commettre les pires exactions dans les quartiers catholiques. 

MASSACRE DE – BALLYMURPHY – MASSACRE
Springfield Close, Belfast, Northern Ireland – Irlande du Nord

From 9 to 11 August 1971, Operation Demetrius is carried out by the First Battalion of the British Parachute Regiment in the Catholic area of Ballymurphy in Belfast, with the aim of arresting suspected IRA members. For two days, the soldiers conduct searches, arrest dozens of people, and shoot at civilians. They kill 10 people, none of them IRA. In Springfield Close, a resident, Bobby Clark, tries to take some children to safety. He is shot and lays wounded on the ground. Residents try to help him, but are prevented from doing so by military gunfire. The parish priest, Father Hugh Mullan, takes out a white handkerchief as a sign of peace and comes to help the man on the ground. After giving him the sacraments, he is shot by the military, fatally. Another man, Frank Quinn, leaves his hiding place to come to his aid. He suffers the same fate. The soldiers continue to fire, preventing the residents from coming to their aid.

Du 9 au 11 août 1971, l’opération Demetrius est exécutée par le premier bataillon du régiment des parachutistes britanniques dans le quartier catholique de Ballymurphy à Belfast, dans le but d’arrêter des membres présumés de l’IRA. Pendant deux jours, les militaires mènent des perquisitions, arrêtent des dizaines d’individus, quadrillent le quartier et tirent sur des civils. Ils font 10 morts, aucun de l’IRA. Dans le Springfield Close, un résident, Bobby Clark, essaie de mettre des enfants à l’abri. Il se fait tirer dessus et gît blessé à terre. Les habitants et habitantes tentent de l’aider, mais sont empêchés par les coups de feu des militaires. Le prêtre de la paroisse, le Père Hugh Mullan, sort un mouchoir blanc comme signe de paix, et va aider l’homme à terre. Après lui avoir donné les sacrements, il se fait tirer dessus par les militaires, mortellement. Un autre homme, Frank Quinn, quitte sa cachette pour venir à son secours. Il subit le même sort. Les militaires continuent de faire feu, ce qui empêchera les résidents et résidentes de venir les secourir. 

MARCH FOR CIVIL RIGHTS – MARCHE POUR LES DROITS CIVIQUES 
Westland street, Derry, Northern Ireland – Irlande du Nord

On Sunday 30 January 1972, the civil rights movement organises a large, peaceful demonstration in Derry against internment. Despite the ban, the demonstrators plan to march through the working class and Catholic areas of Creggan and Bogside and end up at the Town Hall in the city centre for a rally. The march starts at 2.45pm in bright sunshine. Tens of thousands of people rally the demonstration and many join along the way. Men, women, teenagers and children, all generations have taken to the streets to assert their rights against the British government. To keep order, this same government calls in the First Battalion of the British Parachute Regiment, the very same one that had committed the Ballymurphy massacre a few months earlier, and walked away without further investigation.

Le dimanche 30 janvier 1972, le mouvement pour les droits civiques organise une grande manifestation pacifique dans Derry contre la loi d’enfermement sans procès. Malgré l’interdiction, les manifestants et manifestantes comptent marcher dans les quartiers ouvriers et catholiques de Creggan et de Bogside pour finir à l’hôtel de ville, dans le centre-ville. La marche commence à 14h45 sous un soleil radieux. La manifestation compte des dizaines de milliers de personnes et beaucoup la rejoignent en chemin. Hommes, femmes, adolescents et enfants, toutes les générations sont descendues dans la rue pour affirmer leurs droits face au gouvernement britannique. Pour garder l’ordre, ce même gouvernement a fait appel au premier bataillon du régiment des parachutistes britanniques, celui-là mêmes qui a commis le massacre de Ballymurphy quelques mois plus tôt, et dont aucun des membres n’a été inquiété.

ON THE WAY – SUR LE CHEMIN
William Street, Derry, Northern Ireland – Irlande du Nord

As the demonstration heads towards the city centre, it is stopped by a British Army barricade. The organisers redirect the demonstration down Rossville Street with the aim of holding a rally at Free Derry Corner. A group breaks away from the procession, determined to march towards the Town Hall, and is confronted by an army barricade. Tensions rise. Some teenagers throw stones at the military, who responds with water cannons, tear gas and rubber bullets. Later, when everyone had left the scene, the soldiers rush through the barricade and chase the demonstrators, engaging in what is to become a real manhunt.

Alors que la manifestation se dirige vers le centre-ville, elle est arrêtée par une barricade de l’armée britannique. Les organisateurs redirigent la manifestation pour descendre Rossville Street dans le but de faire un rassemblement au Free Derry Corner. Un groupe se détache du cortège pour tout de même marcher vers l’hôtel de ville, et se retrouve face à une barricade de l’armée. La tension monte. Quelques jeunes jettent des pierres sur les militaires, qui répondent avec des canons à eau, des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Par la suite, alors que tout le monde a quitté les lieux, les militaires s’engouffrent par la barricade et prennent en chasse les manifestants et manifestantes, s’engageant dans ce qui s’avèrera être une réelle chasse à l’homme.

THE MASSACRE – LE MASSACRE 
Rossville street (outside the actual Free Derry Museum – devant l’actuel Free Derry Museum), Derry, Northern Ireland – Irlande du Nord

Under the pretext of seeing people with weapons, British paratroopers open fire on unarmed demonstrators, as they are fleeing towards Glenfada Park and the Rossville flats. Seven people are executed in both spots, some of them in the back. Behind a barricade of debris across Rossville Street, people seek shelter from the soldiers who have taken up position some 73 metres away, safe from any projectiles. The soldiers open fire on the people at the barricade. They kill six people and wound seven others. In total, the army executes fourteen people (one person dies of his wounds a few months later), including seven 17-year-olds. None of them had weapons on them. A bomb, found on the body of one teenager, was used as evidence of the presence of armed people, but it was later proved that it had been placed on the victim by British paratroopers after shooting him.

Prétextant avoir vu des individus avec des armes, les parachutistes britanniques ouvrent le feu sur des manifestantes et manifestants désarmés, alors même que certains sont en train de s’enfuir vers le Glenfada Park et les appartements de Rossville. Sept personnes seront exécutées dans ces deux lieux, certaines d’entre elles dans le dos. Derrière une barricade de débris à travers Rossville Street, des gens se mettent à l’abri des soldats qui se sont mis en position, quelque 73 mètres plus loin, à l’abri de tout projectile. Les soldats font feu sur les personnes qui se trouvent à la barricade. Ils tuent six personnes, en blessent sept autres. Au total, l’armée fait quatorze morts (une personne mourra de ses blessures quelques mois plus tard), dont sept adolescents de 17 ans. Aucun d’entre eux n’avait d’armes sur lui. Une bombe, retrouvée sur le cadavre d’un adolescent, a été utilisée comme preuve de la présence de personnes armées, mais il a été prouvé plus tard qu’elle avait été placée sur la victime par les parachutistes britanniques après lui avoir tiré dessus. 

On 2 February, a mass is held for the thirteen victims of Bloody Sunday at St Mary’s Catholic Church, given by the Bishop of Derry. Around 500 relatives of the victims attend the service and 20,000 people gather outside the church to commemorate the dead. A first commission of enquiry is organised two days after the events. In its report, submitted eleven weeks later, it exonerates the British army of any responsibility, supporting the theory that the paratroopers had fired on armed targets. However, ballistic studies have not been properly conducted, plausible evidence have not been followed and eyewitnesses, including doctors, have not been interviewed. A second commission is created in 1998. For years, it conducts an investigation, interviewing more than 900 witnesses. Several soldiers confess to having lied on their testimony about the armed nature of the people they shot. In 2010, the report concludes that the paratroopers are responsible for the events of Bloody Sunday, for which David Cameron will apologise. Today, the Conservative government led by Boris Johnson wants to introduce a statute of limitations for crimes committed during the Troubles, which would prevent the relatives of the victims of the British colonial state from seeking truth and justice for their dead.

Le 2 février, une messe est organisée pour les treize victimes de Bloody Sunday à l’église catholique Saint Mary, donnée par l’évêque de Derry. Près de 500 proches des victimes assistent à la célébration et 20.000 personnes rendent hommage aux morts à l’extérieur de l’église. Une première commission d’enquête sera organisée deux jours après les faits. Dans son rapport rendu onze semaines plus tard, elle exonère l’armée britannique de toute responsabilité, soutenant la thèse selon laquelle les parachutistes auraient tiré sur des cibles armées. Cependant, les études balistiques n’ont pas été menées correctement, des preuves plausibles n’ont pas été suivies et des témoins visuels, dont des médecins, n’ont pas été auditionnés. Une deuxième commission est créée en 1998. Pendant des années, celle-ci mènera un travail d’enquête auditionnant plus de 900 témoins. Plusieurs soldats avoueront à cette occasion avoir menti sur leur témoignage quant au caractère armé des personnes sur lesquelles ils ont tiré. En 2010, le rapport conclut à la responsabilité des parachutistes dans les évènements de Bloody Sunday, pour lesquels David Cameron présentera des excuses. Aujourd’hui, le gouvernement conservateur mené par Boris Johnson souhaite introduire une prescription pour les crimes commis pendant les Troubles, ce qui empêcherait les proches des victimes de l’Etat colonial britannique de trouver vérité et justice pour leurs morts.


 

 



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